François Chesnel vient de quitter le monde des vivants et pourtant il y traine encore. Désincarné, effaré, lucide, ridicule ou léger, il découvre les vies cachées de ceux qu’il a aimés, côtoyés ou seulement aperçus au cours de son existence (le notaire, la belle Lisa, la vieille Amandine, le brave Hippolyte, etc). Il décrypte alors les hasards – qui n’en étaient pas – qui influencèrent son passage sur terre.
Critique “babelio” par LydiaB le 10 juin 2013 :
“Il y a des myriades de fleurs au pied de mon cercueil. De magnifiques couronnes sur lesquelles ont été agrafés des rubans avec des formules : “À NOTRE VOISIN”, “À MON BEAU-FRÈRE”. Rien que des vaniteux désireux de se faire remarquer, voulant à tout prix qu’on sache qu’ils ont fendu leur tirelire.”
Premier roman de Serge Travers, Pour habiller mon âme raconte les derniers jours, jusqu’au dernier soupir, de François Chesnel. Mais l’histoire de François Chesnel ne s’arrêtera pas au jour de son enterrement. Son âme continue d’observer les vivants ; elle errera tant qu’elle n’aura pas percé les mystères de la vie et de la mort. Alors seulement le repos.
En 1983, Balavoine chantait déjà quelque chose en rapport avec ce thème : Partir avant les miens.
♫ Et j’ai souvent souhaité
Partir avant les miens
Pour ne pas hériter
De leur flamme qui s’éteint
Et m’en aller
En gardant le sentiment
Qu’ils vivront éternellement
Et simplement ♫
Oui mais voilà : lorsque la grande Faucheuse vient mettre un terme, brutalement, à la vie de François Chesnel, il n’avait pas la même philosophie ! Et c’est non sans humour qu’il assiste, d’en haut, à son propre enterrement. De là où il est, il a désormais tout le loisir de s’intéresser à l’architecture de l’église, à laquelle il n’avait jamais fait attention, ou à ceux qui assistent à la cérémonie. Le défunt ne pensait pas, d’ailleurs, être aussi populaire. C’est l’occasion pour lui de revenir en arrière sur quelques personnes présentes afin de reconstituer le fil de sa vie et, surtout, les moments les plus importants comme la fois où il a cru que sa femme Michelle le trompait ou encore l’assassinat de la tante de son copain Hippolyte dans lequel il faillit être impliqué.
Chaque souvenir est coupé par son ressenti sur l’enterrement en lui-même : étroitesse du cercueil, longueur de la messe, belles paroles du curé…Et en parlant de paroles, puisque j’ai cité Balavoine, François, lui, cite plutôt Brel, de tête, un peu dans le désordre : ♪ “À mon dernier repas, je veux voir mon âne, mes poules et mes oies, mes vaches et mes femmes. Puis je veux qu’on m’emmène, en haut de ma colline, voir le soir qui chemine, lentement sur la plaine. Et je ne garderai, “pour habiller mon âme”, que l’idée d’un rosier, et qu’un prénom de femme” ♪ . Voilà, vous avez compris le titre !
Ce livre fait du bien. Il dédramatise ce sujet tabou qu’est la mort. On sourit pratiquement à chaque page. Les dessins de Srï illustrent de façon très sympathique le texte.
Je remercie Cyrille Cléran des Editions de la Rue Nantaise pour m’avoir fait découvrir ce livre.
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Style : Roman
Editeur : Editions de la rue nantaise